Montre historique : Zenith El Primero


Pour beaucoup d'entre nous, l’année 1969 restera celle du premier pas de l’homme sur la lune.
Dans le monde de l’horlogerie, 1969 est l’année de naissance du mouvement le plus célèbre, El Primero.

Le 10 janvier 1969, peu avant l’invasion du mouvement à quartz, la manufacture suisse Zenith, fondée en 1865, prend de vitesse ses concurrents: elle dévoile au public le premier prototype de chronographe automatique.
Celui-ci porte tout d’abord le nom de code 3019 PHC. Il sera rapidement rebaptisé El Primero, «Le Premier » en espéranto.

 

Mouvement Zenith El Primero 

Montre Zenith el Primero


Ce calibre est doté d’une haute fréquence (10 alternances par seconde, soit 36 000 par heure) ce qui en fait le chronographe le plus précis du monde, capable de mesurer les temps au 1/10 de seconde.
Ses dimensions sont compactes, sa réserve de marche supérieure à 50 heures et sa fiabilité totale.
Ces caractéristiques en font la montre de l’aviation, de la marine, des corps expéditionnaires et des explorateurs.

La réalisation d'un mouvement El Primero exige :

  • 5 500 opérations
  • 50 fraisages côté cadran
  • 77 autres fraisages côté ponts
  • 5 à 50 opérations par pièce
  • 18 métaux différents dans la version classique

Mouvement Zenith El Primero


Pour tester sa résistance, la montre est fixée en 1970 au train d’atterrissage d’un Boeing 707 pour un vol Paris New York.
La montre passe de 4 °C au décollage à -62 °C à 10 000 mètres d’altitude, en seulement 20 minutes. La pression atmosphérique est alors divisée par 4 et la montre subit des intenses vibrations au décollage et à l’atterrissage.

Verdict : la montre El Primero est restée précise à la seconde près.
Et pourtant, face au déferlement des montres dotées d’un mouvement à quartz, le couperet tombe: la production est stoppée en 1975 par la Zenith Radio Corporation. Ce groupe américain propriétaire depuis peu de la marque, a presque le même nom, mais pas les mêmes activités, puisqu’il est tourné vers l’électronique, assemblant radios et téléviseurs.

Il décide de tout miser sur les montres à quartz et de mettre à la casse tous les outils de production mécanique

Le sauvetage

Charles Vermot est un des premiers horlogers à avoir travaillé sur le mouvement El Primero.
Refusant la décision brutale, il rédige une lettre demandant à la direction de conserver les outils nécessaires à la production du El Primero.

Zenith El Primero Charles Vermot


Devant le refus de la direction, il décide alors, au péril de son emploi, de cacher les pièces essentielles. De plus, il étiquette, répertorie, classe, protège les cames, les outils de coupe, les étampes, les machines et consigne dans un cahier tout le processus de fabrication. C’est une tonne d’acier qui est ainsi dissimulée et consignée consciencieusement dans les greniers de la manufacture.
Charles Vermot ne doute jamais, même pas un 1/10 de seconde.

Le miracle

Un nouveau groupe achète la manufacture en 1978 et réoriente la production vers les montres à mouvement mécanique.

Miracle : tout l’outillage caché, d’une valeur de plus de 7 millions de francs suisses, retrouve sa place.

El Primero est à nouveau fabriqué, et Zenith voit son carnet de commandes complété par des marques qui viennent s’approvisionner en mouvements, comme Rolex pour sa célèbre Daytona, Panerai ou Boucheron.

Dernier exploit en date

C’est avec un chronographe El Primero au poignet que Felix Baumgartner est devenu le 1er homme à franchir le mur du son en chute libre, après s’être élancé en 2012 d’une altitude de 39 000 m.

Felix Baumgartner Zenith El PrimeroFelix Baumgartner Zenith El Primero


Aujourd’hui

Grâce à sa précision et sa résistance, El Primero est la base à partir de laquelle Zenith maintient sa légende.
Plus de 20 déclinaisons de ce modèle ont vu le jour, devenant la montre préférée de Bill Clinton, de Sean Connery et de Sean Penn.